Jean Marc Brunet – Artiste Peintre

«L’atelier: l’espace des métamorphoses.» Brunet, 2016

Jean-Marc Brunet

«Les amis poètes ont dit des choses sur ma peinture, que je ne savais pas encore.»

Françoise PY, Un jour qu’il faisait nuit

Extrait de l’avant-propos
Éditions Librairie-Galerie Racine, 2023

(…) Cette métamorphose du paysage extérieur en image intérieure est à l’œuvre dans toutes ses toiles, nocturnes et diurnes, ou les deux à la fois. Dans les toiles nocturnes, les arbres, les fleurs, les oiseaux, les édifices sont présents mais noyés de nuit, enveloppés d’un voile, ils s’intériorisent. Le silence et l’immobilité favorisent une écoute et une vision quasi médiumniques à la rencontre des signes : bruissement, envol, surgissement. Et sur fond d’un outremer luminescent, d’un émeraude intense, ce sont des turbulences d’astres, des éclosions d’oiseaux dans les branchages, des danses endiablées d’insectes et de passereaux qui fusent en un mouvement ascendant.

La nuit, chez Jean-Marc, est promesse, comme le suggère Michel Butor qui évoque à propos de ses toiles : « le renouvellement du jour dans l’archipel des crépuscules ». Mais le jour lui-même a sa part de nuit, de secret, de silence. « Un jour qu’il faisait nuit », propose Robert Desnos dans une formule qui condense à elle seule tous les paradoxes, toutes les contradictions surmontées. Un jour où le cours des choses s’inverse, où la jubilation fait place à la douleur, l’envol à la chute, le pays à un arrière-pays qui ne se laisse ni décrire ni nommer.

Dominique Sampiero, Monographie Jean-Marc Brunet

Extrait de l’avant-propos
Éditions d’Art EL VISO, 2023

(…) Une présence au bord de l’apparition, vibratoire, supposant des jours, des mois, des années d’attente et de combat, éclate à la surface du tableau telle une évidence recueillie par une patience d’alchimiste, une ferveur à trouver dans l’acte de peindre un passage, une arche. La possibilité d’un ailleurs immédiat. (…)

Avec Dominique Sampiero, atelier 2023
Avec Bernard Noël en janvier 2020 dans l’atelier. Interview pour un documentaire réalisé par Instants Fugitifs productions

Bernard Noël, Bonjour Mr Brunet

Extrait de l’avant-propos
Éditions A|B, 2013

(…) Le sujet et le fond sont inséparables de sorte que le fond est un “espace du dedans” créateur de l’essaim qui s’y envole en donnant sens à l’ensemble. Il y a une interaction entre l’épaisseur spacieuse, qui paraît une étendue, et l’épaisseur floconneuse qui paraît l’animer, mais les deux produisent également l’effet pictural auquel le tableau doit son attrait. »
(…) On se trompe quand on qualifie d’“abstraite” cette peinture puisqu’elle se concrétise dans l’instant où le regard la découvre et s’attache à sa contemplation. Il advient alors cette chose étrange : le spectateur s’aperçoit que le tableau tout entier est dans un état de suspension dont la totalité s’anime dès que le regard entre en contact avec sa surface. C’est que la peinture – la vôtre – contient encore l’acte de peindre… Cette présence est si prenante que le regard a l’illusion de faire ce qu’il voit, mais propager cette impression ne peut, n’est-ce pas, qu’être la caractéristique d’une peinture concrète. (…)

Michel Butor, Monographie Jean-Marc Brunet

Extrait poème pour la préface
Éditions Fragments international, 2010

Possibilité d’envol
Pour Jean-Marc Brunet
(…)
Mais lorsque tout le marécage
était calme lorsque le vent
agitait doucement les cimes
des roseaux et que les canards
après avoir bien navigué
dans leurs labyrinthes de tiges
prenaient leur essor tous ensemble
nous voulions partir avec eux

Alors il pleuvait des couleurs
des souvenirs de migrations
longitudes et latitudes
passer par-dessus les forêts
la mer les déserts et les fleuves
villes ruines fouilles cultures
et se rouler dans les rayons
l’épanchement de l’univers

Avec Michel Butor, Lucinges 2014

Jean-Clarence Lambert, Monographie Jean-Marc Brunet

Extrait de texte
Éditions d’Art Somogy, 2018

Les peintres du dépaysage… C’est ainsi que je désignais dès les années 1950 les abstraits lyriques qui tentaient de faire apparaître sur leurs toiles comme l’être de la nature, au-delà de l’immédiateté spectaculaire… Et ce fut, sans doute aucun, l’une des plus véritables originalités de la peinture au XXe siècle.
JMB maintient cette originalité, qu’il enrichit à perte de vue selon son tempérament, qui est  lyrisme…  Comment ne pas l’en admirer — alors que l’art majoritaire d’aujourd’hui a abdiqué toute ambition (ou volonté de différence)  devant la réalité, — obsessionnelle,  marchandisée ?
 JMB : la peinture peut encore donner à respirer.

Avec Jean-Clarence Lambert © Jean Claude Francolon

Jean Orizet, Monographie Jean-Marc Brunet

Éditions d’Art Somogy, 2018
Extrait du texte Jean-Marc Brunet, le visiteur d’astre

A propos du travail de Brunet, la question n’est plus de savoir s’il s’agit d’abstraction lyrique, de peinture gestuelle, de post ou de néo-impressionnisme voire d’action painting. Il suffit d’admettre que Brunet s’est taillé sur mesure un costume de magicien de la couleur qui explose et jaillit, rampe et coule, éclate, ruisselle, chante et hurle quelquefois.
Comme Rimbaud à la fin des Illuminations, le peintre a tendu les cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et il danse… avec ses comètes et ses éclairs.

Avec Jean Orizet en février 2020, Paris.
Interview pour un documentaire réalisé par Instants Fugitifs Productions.